Comment est né Incandescence?
J'ai découvert le flamenco lors d'un séjour en Espagne en 2010 et ce n'est pas exagéré de dire que j'ai pris feu! D'une certaine façon, on pourrait dire que Incandescence a pris forme à mon insu à ce moment-là. Le flamenco est la passion incarnée et j'ai tout de suite été emportée dans son tourbillon.J'ignorais que j'avais ce feu en moi, jamais je n'avais ressenti autant d'intensité. C'est comme si je n'avais rien vécu auparavant. Cela m'a beaucoup impressionnée et fascinée. A tel point que quelques mois plus tard, je suis partie m'installer à Madrid pour assouvir ma passion.
Comment se sont passés tes débuts dans le milieu du flamenco ?
D'une façon très naturelle ! J'ai suivi mon instinct et cela a immédiatement fonctionné. Tout a commencé avec le tablao Casa Patas où j'ai assisté à un spectacle. A côté, il y avait le conservatoire du même nom. Je savais que des artistes renommés y répétaient et donnaient des cours. L'endroit avait l'air très agréable, c'était une belle bâtisse sur plusieurs étages avec un patio intérieur à l'andalouse et une terrasse. Même de l'extérieur, je pouvais sentir que ce lieu était habité. Comme si le "duende" - que l'on peut traduire par ensorcellement - s'échappait des fenêtres ! J'ai contacté le secrétariat en disant que je souhaitais prendre des cours particuliers. On m'a expliqué qu'il y avait un jeune maestro peu expérimenté mais qu'il était disponible tout de suite, à l'heure qui me convenait. Je me suis dit que cela serait sans doute plus ludique et moins intimidant de m'initier avec un professeur débutant, qu'on serait davantage sur un pied d'égalité. Et cela s'est avéré vrai. Nous étions tous deux des novices en quelque sorte, cela nous a rapproché. Humainement, on a accroché tout de suite, c'était assez magique. Il faut lire le recueil pour connaître la suite !
Tu peux nous en dire plus sur le processus d'écriture?
Mon écriture est viscérale, parce que je fais le récit d'une forte passion. Ce recueil est sorti, brut, de mes tripes. J'avais d'abord eu l'idée d'un roman mais cela ne marchait pas bien, je ne trouvais pas l'intensité que je cherchais. En choisissant la poésie comme mode d'expression, j'ai pu rester au plus près de la vérité des émotions qui m'ont traversée il y a 14 ans. J'ai été surprise et bouleversée de les retrouver intactes, comme au premier jour. Ce processus a parfois été éprouvant mais aussi très stimulant. Mon constat est que la véritable passion diffère des autres émotions dans le fait qu'elle perdure. Le temps n'a pas de prise sur elle. Chaque étape de l'expérience de la passion est un bouleversement de l'âme.
La musique tient une place centrale dans le recueil. Comment t'est venue l'idée de cette bande musicale intégrée au récit?
Cela me paraissait évident, la musique étant de toute façon liée à la danse. Il me semblait nécessaire de mettre le chant et la guitare à l'honneur car le flamenco ne s'exprime pas que par des mouvements et des martèlements au sol. Ma méthode pour le choix des chansons à intégrer aux poèmes a été de faire la liste des morceaux les plus marquants, les plus représentatifs de l'histoire que je raconte. Les citations placées en tête des poèmes, extraites de ces chansons, sont autant de touches de couleur qui viennent souligner l'atmosphère des moments vécus. Ce sont des supports de la mémoire. Il suffit d'entendre quelques notes pour être immédiatement ramené en arrière. C'est tour à tour enivrant, mélancolique, enjoué. Les mots en espagnol apportent également une touche profonde et très authentique; cela renforce chez le lecteur la sensation d'immersion. A la fin du recueil, on trouve une playlist des musiques qui ont bercé le quotidien des deux héros, pour ceux qui auront envie de les écouter.
Que cherches-tu à transmettre à tes lecteurs ?
Quand j'écris, mon but est de donner à voir et à ressentir. Provoquer de l'émotion chez le lecteur, afin qu'il se laisse emporter dans une aventure sensorielle inédite et originale. Les thèmes abordés dans le recueil peuvent également donner matière à réflexion. Le sentiment amoureux est universel, tout le monde peut se reconnaître dans ce que j'écris, au moins en partie. Et pour certains lecteurs, ce sera l'occasion de découvrir un nouvel univers et qui sait, commencer à se passionner par le flamenco ! Je tiens à préciser toutefois qu'il n'est pas du tout nécessaire d'être un aficionado pour aborder et apprécier ce recueil.
As-tu d'autres projets liés à la publication de ce recueil ?
Pour moi, la publication n'est pas une fin en soi. Je pense que cette œuvre mérite d'être déployée au-delà du format papier. L'enregistrement d'un livre-audio ou une illustration du recueil rendrait l'histoire plus vivante. Une traduction en espagnol apporterait une autre dimension, un contexte plus authentique. Je réfléchis d'autant plus à cette possibilité qu'elle me permettrait de présenter le manuscrit à des maisons d'édition en Espagne. Pourquoi pas ? Après des années de travail acharné pour faire exister ce projet, j'avoue que je me surprends à nourrir des ambitions un peu plus démesurées (Rires). Et, pour finir, je rêve d'une lecture musicale sur scène, accompagnée d'une guitare flamenca. Ce serait l'apothéose !